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Photo du rédacteurAudrey

Suisse - Iffigenalp

Afin de vous représenter au mieux mon périple, j'écrirai dans les articles à quel jour du voyage correspond le sujet sur lequel j'écris. Ainsi, vous pourrez retracer, au fil des posts, notre voyage dans le canton de Berne.

 

Jour 1


Après nous être reposés de notre long trajet (8 heures de route c'est long quand même !), nous voilà partis pour Lenk, en direction d'Iffigenalp. Initialement, l'idée, c'était de faire la randonnée d'Iffigsee trouvée sur Schweizmobil.


Schweizmobil est une application plutôt pratique à utiliser, qui renseigne sur les façons de découvrir la Suisse via la mobilité douce (randonnée, vélo, canoë, ...). Je vous la recommande si vous devez prévoir des activités en Suisse.

https://www.schweizmobil.ch/en/summer.html

La capture d'écran est en anglais mais le site est disponible en différentes langues dont le français !


Malheureusement, la Suisse n'est pas dans l'Union Européenne. Par conséquent, les réseaux téléphoniques ne sont pas aux tarifs de l'UE non plus ! Sachez que le moindre SMS, le moindre méga utilisé pour Internet va vous coûter très cher. Les tarifs varieront en fonction de votre opérateur téléphonique, mais dans tous les cas, pensez à couper vos données en itinérance lorsque vous entrez dans le pays.

Une autre solution est d'acheter une option à ajouter à votre abonnement téléphonique, qui vous permet de disposer d'une certaine quantité de SMS et de data vers l'UE (pour une somme donnée, qui dépend également de l'opérateur téléphonique). Pour ma part, je suis chez Base et ce forfait était effectivement disponible et coûtait 15 euros. J'ai choisi de ne pas le prendre car je ne pensais pas en avoir besoin. Or, en ayant envoyé très peu de messages et très peu utilisé Internet (uniquement Google Map en cas d'extrême nécessité), ma facture s'est tout de même alourdie de 18 euros.

J'ai également eu vent de l'histoire d'une amie qui a eu la même surprise car elle utilise son GSM comme GPS, mais sa facture s'est élevée à plus de 100 euros. Alors réfléchissez bien avant d'aller en Suisse et choisissez entre le forfait supplémentaire ou l'abstinence d'Internet !

 

Lenk im Simmental

 

Sur l'application Schweizmobil, la randonnée commençait déjà à Iffigenalp. Or, en venant par les routes de Lenk im Simmental, des panneaux indiquaient une interdiction aux véhicules de circuler sur les routes menant à Iffigenalp sauf entre 20h et 8h. Il était évidemment 10h. Nous avons donc dû laisser la voiture en bas de la route (au parking Hubelmatte) menant à la Iffigbach waterfall, magnifique cascade d'eau de montagne qui nous a bien rafraîchis durant cette période de forte chaleur, voire de canicule.

Nous étions donc sur une route asphaltée pendant quelques centaines de mètres, jusqu'à tomber sur des panneaux indiquant qu'on était à... 1h30 d'Iffigenalp ! Il faut savoir que ces panneaux indiquent le temps qu'il faut pour parcourir le chemin à pied, sans faire de pause. Alors combien de temps cela va-t-il nous prendre avec nos conditions physiques dignes de mouches asthmatiques et ce soleil qui n'en finit pas de taper ?

Notre randonnée qui devait initialement durer 4h30 venait de s'allonger d'au moins 1h30, mais aussi de quelques kilomètres avec un bon dénivelé. Mais il en faut bien plus pour nous faire reculer. Nous avons donc entamé notre ascension afin de rejoindre Iffigenalp.

En Suisse, les randonnées sont très bien indiquées. Le degré de difficulté du sentier est défini par les couleurs de la signalisation :

Nous avons donc majoritairement emprunté des sentiers jaunes, mais parfois, sans y faire plus attention que cela, nous étions sur des chemins de randonnée de montagne, où le niveau de difficulté s'élève légèrement par rapport aux sentiers jaunes.

Puisque nous étions dans le canton de Berne, qui est germanophone, ils étaient indiqués par le mot Wanderweg qui signifie chemin de randonnée. Ne vous étonnez donc pas si tous les chemins semblent mener à Wanderweg, ce n'est pas le nom d'une ville !


En suivant les panneaux indiquant la route vers Iffigenalp, nous nous arrêtons quelques fois pour prendre des photos et par la même occasion reprendre notre souffle. Notre plate Belgique ne nous avait pas préparés à ce genre de montée ! Il n'y avait que Falco qui semblait tenir bon, jouant au tracteur tout le long de la randonnée, en nous trainant Layla et moi dans les endroits les plus escarpés.

A plusieurs moments, nous avons longé les eaux de la Iffigbach, torrents d'eau de montagne qui rafraîchissent l'air à souhait. Après près d'une heure de grimpette, nous avons vu une petite cascade à proximité d'une zone accessible où nous pourrions nous arrêter et manger. Nous nous y sommes donc rués afin d'être au frais.

Comme nous n'avions pas prévu d'eau pour ces 1h30 de marche, et encore moins par des chaleurs pareilles (pas loin des 40°C), nous avons profité de cette petite cascade pour reprendre de l'eau dans nos gourdes. Elle était extrêmement fraîche, pure et nous n'en sommes toujours pas morts donc.... Tant mieux !


Nous reprenons donc notre montée vers Iffigenalp, nous demandant combien de temps il nous reste jusque là (cela fait déjà 2h que nous avons quitté la vallée de la Lenk) et nous arrivons enfin en haut de notre route. Et là, waouw. Quel paysage. Devant nous se dresse fièrement Iffigenalp, cette grande montagne aux multiples cascades. Je n'avais encore jamais eu l'occasion de voir un tel spectacle. La nature a décidément de magnifiques choses à nous offrir.

Après une pause bien méritée, ainsi que quelques photos, nous reprenons notre route pour enfin commencer la randonnée que nous voulions faire initialement. Nous continuons donc sur une route asphaltée jouxtée par des champs. Nous croisons quelques marcheurs mais la chaleur a dû en effrayer plus d'un ce jour-là car plus nous montons, moins nous croisons de gens.

Nous arrivons dans une zone où il y a hôtels, restaurants, et petites maisons qui ont l'air d'appartenir à des bergers ou fermiers. Nous ne prenons pas le temps de nous y arrêter car l'heure tourne et nous entamons à peine la montée initialement prévue.


 

Iffigenalp

 

Le paysage change radicalement. Au début de notre ascension, plusieurs heures plus tôt, nous étions dans des bois et longions les cours d'eau descendant des montagnes. Ici nous entamions la montée du flanc de la montagne, toujours en suivant des cours d'eau mais avec beaucoup plus d'espace, moins d'arbres et une magnifique vue.


L'asphalte laisse place aux sentiers de cailloux et la montée fait plus penser à un faux plat qu'à une réelle montée. Mais ce n'est que le début.


Après quelques dizaines de mètres de marche, les chemins se corsent et le dénivelé se fait de plus en plus ressentir mais pour le moment, on tient bon !

Les passages dans les ruisseaux nous font un bien incroyable et nous y passons toujours quelques minutes pour nous rafraîchir, tout en faisant attention aux pattes des chiens car l'eau est glaciale. La fatigue se fait petit à petit ressentir mais après autant de marche, le mode "automatique" se met en route et on continue notre ascension sans penser aux pieds qui hurlent leur malheur et aux mollets en feu.

Les chiens semblent bien tenir la cadence même si Layla s'économise et marche plus au pied que jamais. Après tout, elle a un poids supplémentaire sur le dos avec son sac de rando, comparé à Falco qui n'a qu'un harnais. Mais celui-ci a démontré au fil des jours que rien ne le crevait totalement, c'est vraiment une machine ce chien !

Après une petite pause sous l'ombre d'un buisson, eh oui on fait avec ce qu'on a, on commence enfin la vraie montée, la vraie ascension d'Iffigenalp. Et on l'a bien sentie passer !


Moi qui n'avais jamais gravi de chemin de montagne, me voilà servie.

Si mon mode "automatique" a pu m'aider à monter sans trop penser à mes muscles endoloris, il n'a pas pu annihiler l'effet du soleil et la chaleur caniculaire qui régnait à ce moment-là.


Mais voici venu le moment des anecdotes de Suisse !


En effet, au cours de ce voyage, certaines choses ont été surprenantes. Ici, alors que nous continuions sur notre lancée, Falco s'est senti l'envie de déposer un joli bronze en plein milieu du chemin. Voyant que le rouquin entamait ses démarches, je m'empressai de saisir mes sacs à crotte dans mon sac à dos lorsque j'entendis une vieille femme me crier dessus depuis son banc. Le tout en allemand bien sûr, et en allemand bernois ! Mes années d'allemand à l'école secondaire ne m'ont pas permis de tout comprendre mais en gros, Falco n'avait pas fini sa crotte qu'elle me criait déjà de la ramasser, comme si je comptais l'abandonner là alors que j'étais en train de prendre mes sachets expressément pour ça. Un très chouette moment, je vous jure.


Après cet épisode surprenant, nous longeons des endroits clôturés car des troupeaux de vaches y paissent calmement. Retenez bien cette information, elle est capitale pour la suite. Nous traversons un ruisseau et continuons vers des sentiers qui nous mènent au sommet du flanc que nous abordions. La neige se fait plus fréquente (en effet, de grosses plaques de neige gisaient, par 40°, normal) et lorsque l'on prend le temps d'une pause, on se rend compte de tout le chemin parcouru depuis ce matin.


Evidemment on ne voit plus du tout les routes empruntées près de la cascade Iffigbach, mais on ne voit même plus l'endroit touristique où hôtel et restaurant accueillent les voyageurs. On a donc marché si loin ?! C'est incroyable comme ce paysage déforme tout à fait la notion du temps. Nos muscles nous disent que cela fait des heures que nous marchons, tandis que nos yeux et notre tête ont l'impression d'être sur un nuage, de juste voler au milieu de ce magnifique paysage.


Prenant le temps d'une autre pause, on observe un peu le paysage, on fait des photos et on se dit que la vie est belle là-haut. On est vraiment seuls au monde. Il n'y a plus personne. Plus aucun marcheur, aucun touriste, aucune vache, rien. Juste nous et la montagne. Nous et ce paysage magnifique, fort et doux à la fois.

Cliquez sur les flèches sur les bords de l'image pour faire défiler les photos


D'un côté on a envie de continuer, pour atteindre le sommet, et d'un autre on voudrait rester assis là, pendant des heures, des jours, des années. Juste rester là, dans le calme montagnard (même si une cloche de vache trouble parfois ce silence).


Malgré tout, il faut continuer. Il est déjà presque 18h ! Mais que le temps est passé à une vitesse folle. Nous montons encore mais l'ascension se fait de plus en plus ardue. Les faux plats par lesquels nous avions commencé quelques heures plus tôt se sont transformés en pentes raides et en cailloux instables. Les pauses se font de plus en plus fréquentes, de plus en plus longues et la fatigue commence réellement à se faire ressentir.

A ce moment-là, une question commence à nous venir en tête "Sommes-nous bientôt au sommet ?". Nous décidons d'allumer Google Map afin d'estimer la durée du trajet jusqu'au sommet et jusqu'à la fameuse vue sur l'Iffigsee et le verdict tombe.... 2km.

Alors, 2 kilomètres en Belgique, c'est rien du tout. Mais en haut d'une montagne, on y réfléchit plutôt à deux fois. Néanmoins, nous prenons la décision de continuer, en nous disant que c'est quand même bête d'avoir fait tout ce chemin pour ne même pas voir ce fichu lac ! Nous continuons et passons une vieille ferme vide (mais que fait une ferme si haut ?!) et arpentons des sentiers en lacet.


Une demie heure plus tard, rebelote, une longue pause, le soleil qui continue de taper, les muscles de plus en plus endoloris, les chiens qui se couchent directement au moindre arrêt (sauf Falco le tracteur), et nous rallumons Google Map.

Eh bien, en 30 minutes nous avions fait 200 mètres.


200. Petits. Mètres.

Là, l'issue de la randonnée commence à se faire de plus en plus claire dans nos esprits : nous allons devoir abandonner l'idée d'aller jusqu'à Iffigsee et rebrousser chemin si nous ne voulons pas être encore là à minuit.


Après une dernière tentative, nous nous résignons donc à cette idée et faisons demi-tour...


La déception est énorme et nous descendons en silence, à moitié en essayant de ne pas tomber (souvenez-vous des cailloux instables) et pour l'autre moitié par frustration de ne pas avoir su aller jusqu'au sommet.


Après avoir refait notre stock d'eau fraîche de montagne, nous apercevons au loin un groupe de vaches qui n'étaient pas là lors de notre montée. Ayant déjà aperçu plus d'un troupeau derrière des barbelés, nous ne nous sommes pas plus inquiétés que cela, mais c'était une erreur. Vous vous souvenez des vaches qui paissaient paisiblement quelques paragraphes plus haut ? Les revoici.


Voici donc venu le moment des anecdotes de Suisse ! (2)


Nous nous apprêtions à passer tranquillement sur le sentier jouxtant la zone dans laquelle paissaient les vaches lorsque nous nous rendîmes compte qu'en réalité... Ce n'était absolument pas clôturé ! Les vaches étaient en liberté sur les sentiers de randonnée, et apparemment c'est tout à fait normal.

Nous avons donc naïvement pensé qu'il n'y avait aucun risque à déambuler entre les bovidés mais c'était sans compter sur une jeune effrontée noire et blanche qui était plutôt intéressée (ou agacée) par la présence des chiens. Celle-ci entraînait une autre, qui entraîna à son tour une autre de ses congénères, nous nous sommes vite retrouvés encerclés par un troupeau de vaches.

Jusque là, l'anecdote peut paraître amusante. Vivant plus ou moins à la campagne, je n'ai pas peur des vaches et ai plutôt l'habitude d'en côtoyer. Mais quand l'une d'elle commença à se cabrer et à essayer de piétiner les chiens, la situation tourna quelque peu au vinaigre.

A partir de là a commencé une course effrénée pour fuir de cette embuscade bovine, chacune avec nos sacs à dos lourds comme nos jambes fatiguées et avec 4 chiens épuisés (enfin 3 et demi parce que Falco est plutôt increvable).

Si de prime abord on aurait pu penser que voyant les intrus s'en aller, les vaches auraient cessé leur poursuite, il n'en fut rien. Vous pouvez donc imaginer cette scène digne d'un Laurel & Hardy : 2 jeunes filles, 4 chiens, pourchassés à toute vitesse par une horde de vaches tenaces et hargneuses. Et le pire dans tout ça, c'est qu'après avoir enfin réussi à fuir le troupeau, nous sommes tombés sur un deuxième troupeau qui lui aussi nous a pris en chasse. Conclusion : les vaches suisses ne sont pas les plus accueillantes. Pas étonnant que ce soient elles l'arme secrète des pubs Ricola.


Mais l'histoire ne s'arrête pas là et raconte qu'au moment de revenir à la zone touristique avec hôtel et restaurant, une barrière fermait le chemin, nous obligeant à ramper pour revenir sur les routes exemptes de vaches folles en tous genres, et qu'aucun fermier ne nous a aidés pour quoi que ce soit (pourtant, c'est pas faute de leur avoir demandé).


Après cet épisode éprouvant, nous avons cherché sur les tableaux touristiques disposés çà et là après une information quelconque indiquant la mise en liberté de vaches sur les sentiers mais n'avons rien trouvé... Au moins, la prochaine fois, on saura.


Après ces heures de marche, ces intenses minutes de course poursuite et toutes ces émotions, nous n'avons pas eu le courage de reprendre le sentier dans l'autre sens et avons choisi de redescendre par la route. Cela nous faisait un chemin moins intéressant mais plus rapide pour retourner à la voiture (malgré cela, ça nous a quand même pris une bonne grosse heure). Nous en avons profité pour faire une dernière photo de groupe à envoyer à nos parents en cas de décès imprévu pour cause de rencontre avec un énième troupeau de vaches, et avons ainsi quitté ce paysage idyllique pour retourner au BnB et nous reposer d'un sommeil profond et bien mérité.


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